
Glass : Notre interview du réalisateur M. Night Shyamalan
Glass est l’ultime volet de la trilogie initiée il y a 19 ans par Incassable, le second film de M. Night Shyamalan. De passage à Paris pour la promotion du film, le réalisateur à répondu à quelques-unes de nos questions.
Par Audrey Oeillet le
M. Night Shyamalan est connu pour ses films complexes aux révélations généralement tonitruantes. Si sa filmographie peut donner matière à critiquer comme elle peut passionner, il est, en tout cas, impossible de dire qu’elle laisse indifférente ! Glass s’inscrit dans cette démarche, en plus de clôturer une trilogie lancée en 1999 avec le film Incassable. Le réalisateur a répondu à quelques-uns de nos questions, à l’approche de la sortie de Glass en salles.
Bonjour M. Night ! Quand vous avez écrit et réalisé Incassable il y a 19 ans, vous aviez déjà la trilogie complétée par Split et Glass en tête ?
Oui ! Ce qu’il s’est passé, c’est que quand j’ai commencé à travailler sur Incassable, j’avais en tête les deux films suivants. Mais à l’époque, c’étaient de trop gros projets pour enchaîner les productions. En plus, quand Incassable est sorti, il a entraîné des réactions très variées. Il faut dire qu’on ne le vendait pas vraiment comme un film de super héros, ce n’était pas une adaptation de quoi que ce soit et ce n’était pas vraiment destiné à être un blockbuster. Du coup, j’ai décidé de laisser tout ça de côté, de me concentrer sur d’autres projets. Des années plus tard, j’ai décidé de m’y remettre en me disant « il est peut-être temps de vraiment réaliser cette trilogie ».

Mais vous aviez déjà l’histoire complète en tête ?
Oui, j’avais totalement en tête l’histoire d’Incassable, de Split, et une bonne partie de Glass.
Revenir aujourd’hui avec des films estampillés « super héros », ce n’est pas un peu opportuniste compte tenu du succès rencontré par les Marvel, notamment ?
J’ai essayé de voir Glass comme un positionnement autour de la question suivante : « Pourquoi tout le monde est autant fasciné par les comics ? », et j’ai essayé de tourner ça en « peut-être que c’est une maladie, que les gens se prennent pour des personnages de comics », et il y a un médecin qui traite cette pathologie pour ne pas qu’elle dégénère en épidémie… mon point de départ, c’était ça. J’ai cherché une approche différente du thème des super héros, ce n’est pas du tout la même mouvance que le reste. Nous verrons bien si, en France, le public est réceptif à cette démarche lors de la sortie du film.

Selon vous, qu’apporte votre trilogie à l’univers des films de super héros ?
Pour l’expliquer, je me réfère assez souvent à la série Les Sopranos. Il existe beaucoup de séries sur les gangsters et la mafia, mais cette série montre autre chose, un mec qui fait une thérapie, sa famille ne le respecte pas comme il faudrait, il pète un câble… et pourtant, c’est bien une histoire de gangsters ! C’était super rafraîchissant comme série, et ça m’a parlé, je crois que ça m’a inspiré. L’ancrage dans une réalité moins glamour que la fiction.
Je positionne un peu mes films dans cette même optique : et si Marvel avait raison ? S’il y avait comme vous et moi qui considéraient qu’ils sont des super héros, mais qu’ils devaient malgré tout régler des problèmes quotidiens, des problèmes avec leurs parents, leur femme ou leur mari… en somme, je pense avoir apporté des éléments extraordinaires dans un univers normal, quotidien, pour montrer ce qu’il se passe.

Est-ce qu’il y a un film de super héros que vous auriez aimé réaliser ?
J’ai été en discussion sur le sujet concernant différentes franchises, mais je n’y ai pas trouvé mon compte. Il y a tellement d’attente du public autour des films de super héros « traditionnels » qu’il faut se conformer aux demandes des studios, quitte à oublier les caractéristiques du cinéma que l’on fait en tant que réalisateur. C’est très complexe, c’est quelque chose que je n’ai pas réussi à assimiler.
Donc maintenant, vous en avez fini avec les films de super héros ?
C’est intéressant la manière dont vous avez tourné votre question. J’en ai terminé avec cette trilogie, oui. Mais quand je pense à de futurs personnages, qui pourraient avoir des pouvoirs extraordinaires, je me dis que je pourrais refaire des films du même genre. Mais je ne veux absolument pas être catalogué comme « le mec qui fait des films de super héros », donc ça me freine un peu.
En fait, pour vous, n’importe quel personnage peut potentiellement être un super héros ?
J’aime le fait que des personnages découvrent des pouvoirs ou des situations extraordinaires dans leurs vies ordinaires. Si je peux connecter ce genre de thématique à celle des super héros, je serai ravi de mettre ça en images.
Merci !
Glass de M. Night Shyamalan, avec Samuel L. Jackson, James McAvoy et Bruce Willis, en salles le mercredi 16 janvier.