
Notre avis sur Un Raccourci dans le Temps : un joli détour vers l’ennui
Le nouveau film live des studios Disney nous a séduit par son esthétique, mais nous a endormi avec une intrigue cousue de fil blanc, à la mise en scène laborieuse.
Par Audrey Oeillet le
Meg Murry est une ado dont la vie a basculé le jour où son père, Alex Murry, scientifique talentueux mais incompris, a mystérieusement disparu sans laisser la moindre trace. Elle vit avec sa mère et son jeune frère adoptif, Charles Wallace, un enfant très intelligent. Un soir, la famille reçoit la visite d’une étrange femme se faisant appeler Madame Quiproquo : elle sous-entend que les expériences de leur père ont fonctionné. Et si Alex était ailleurs, perdu dans l’Univers ? Malgré une grande perplexité, Meg accepte de partir dans un voyage hors du commun à la recherche de son père.

Un peu comme Tomorrowland il y a quelques années (mais tout de même en moins catastrophique), Un Raccourci dans le Temps est une preuve que Disney ne peut pas réussir à tous les coups. Cette adaptation d’un classique de la littérature jeunesse américaine, lu par des millions de collégiens depuis 1962, était pourtant attendue de longue date. Et pour cause : réalisé par Ava DuVernay, à qui l’on doit notamment le très beau Selma, le film a été scénarisé par Jennifer Lee, coréalisatrice de La Reine des Neiges. Côté casting, avec notamment Oprah Winfrey, Ree Witherspoon et Chris Pine, le métrage n’a pas à rougir.

Hélas, la combinaison de tous ces ingrédients pourtant plutôt prestigieux ne donne pas une recette si savoureuse qu’on pouvait l’imaginer. Malgré de jolis effets spéciaux, les décors fabuleux de Nouvelle-Zélande et la musique envoutante de Ramin Djawadi (Game of Thrones, Westworld), Un Raccourci dans le Temps n’atteint pas son objectif de captiver durant 1h49. Si l’on se prend rapidement au jeu au début, très vite, le film se résume à une succession de scènes dont la beauté visuelle ne parvient pas à stopper le déclin progressif de l’intérêt. Les personnages ne passionnent pas vraiment, notamment en raison d’un manichéisme total et d’un trop-plein de bons sentiments sans réelles nuances. Conséquence : quand un gentil devient mauvais, on n’y croit pas une seule seconde, à tel point de ne pas comprendre les 20 dernières minutes du film, qui ne sont absolument pas crédibles.

Dire qu’un Raccourci dans le Temps est peut-être le plus court chemin vers l’ennui est peut-être un peu fort, mais il n’en reste pas moins que le film laisse un arrière-goût décevant. On a le sentiment d’avoir vu une intrigue bien démarrer mais trop rapidement noyée dans des ambitions trop lourdes et dans un message extrêmement confus. Le film prend, paradoxalement, peut-être un peu trop de raccourcis pour arriver brusquement à une fin brouillonne, qui préfère laisser de nombreuses questions sans réponse pour privilégier une conclusion bon enfant, sur fond de famille pluri-culturelle recomposée qui incarne une forme de bien-pensance de bon aloi aujourd'hui. Sauf que, clairement, ça ne fait pas tout, et à force d'en abuser, ça commence à se voir.

En somme, le film s’adresse surtout à un jeune public qui ne serait pas décontenancé par les incohérences scénaristiques, et pourra s’extasier devant de belles images et un message positif sur le triomphe du bien contre le mal. Le reste du public restera probablement dubitatif face à un spectacle quelque peu déconcertant…
Un Raccourci dans le Temps d’Ava DuVernay, avec Ophrah Winfrey, Resse witherspoon, Mindy Kaling, Storm Reid, Chris Mine, Gugu Mbatha-Raw… sortie le 14 mars.